Reportage réalisé pour le magazine Le Temps d’un Voyage en partenariat avec le Territoire de Belfort. Découvrez le PDF du reportage en bas de page !

Cette année, les Terrifortains, autrement dit les habitants du territoire du Lion, ont l’honneur et le plaisir de fêter le centième anniversaire de leur département, ce petit territoire de 609m2, créé en 1922 : une occasion en or pour partir à sa découverte ! Situé au nord-est de la Bourgogne-Franche-Comté, aux portes de l’Alsace, c’est l’endroit rêvé pour y poser ses valises quelques jours et déambuler dans une ville taille humaine marquée par l’histoire, régaler ses papilles autour de repas insolites, prendre un grand bol d’air et profiter de paysages grandioses et de délicieuses rencontres. Une parenthèse aussi surprenante que revigorante.

Le Territoire de Belfort en 10 chiffres clés

1922 – 2022 : le Territoire de Belfort fête ses 100 ans !

C’est l’un des plus petits départements français, avec une superficie de 609 m2.

Il se compose seulement de 101 communes dans lesquelles habitent 141 852 Terrifortains, soit 233 habitants au km2.

Le numéro du département est le 90, car ce fût l’un des derniers créés.

C’est le département de France où il y a le plus de forts, 19 au total !

Sa célèbre statue de Lion mesure 22 mètres de long et 11 mètres de haut : elle domine fièrement la ville de Belfort.

Les Eurockéennes, célèbre festival se déroulant chaque année début juillet, accueille près de 30 000 festivaliers par jour.

L’Histoire du Territoire du Lion

Le Lion est, sans doute aucun, le symbole du Territoire de Belfort, mais en connaissez-vous la raison ? Nous allons bientôt le découvrir, mais avant cela, faisons un saut dans le passé de plusieurs siècles, bien avant la création officielle du territoire, lorsque Belfort était encore une petite ville médiévale avec un château surplombant la vallée. Vous avez hâte de connaître la suite de l’histoire ? Rendez-vous sans plus attendre à l’Office de Tourisme de Belfort où Carole et son équipe sauront vous faire découvrir ce territoire avec entrain et bonne humeur.

De la transformation de Belfort en ville étoile par Vauban à la construction de nombreux forts, plongez-vous dans ce passé surprenant en déambulant dans le centre-ville et en son point culminant, la Citadelle, devant laquelle se dresse fièrement la statue imposante du Lion, gardien de la ville. Créée par Bartholdi, connu pour son œuvre la plus célèbre, la Statue de la Liberté, elle est là pour rappeler la bravoure des courageux soldats qui, en 1871, ont résisté à l’invasion des prussiens pendant pas moins de 103 jours de siège, jusqu’à la fin de la guerre franco-allemande. C’est en grande partie grâce à eux que ce territoire resta français malgré l’annexion de l’Alsace-Loraine, dont il faisait normalement partie. Il fut quelques années plus tard transformé en département et rattaché à la Franche-Comté et ne quittera par la suite plus sa région d’adoption.

On peut admirer le Lion et la Citadelle depuis le centre-ville, où nous nous sommes rendus sur la Place d’Aune et sa belle Cathédrale. Très vivante, on y trouve chaque 1^er dimanche du mois le plus grand marché aux puces de l’Est de la France. En été, petits et grands s’y retrouvent pour profiter de Belfort plage et en hiver, lors du mois givré, les enfants s’adonnent avec grand plaisir aux sports de glisse en tout genre : un événement très attendu chaque année !

Notre visite fût aussi l’occasion de nous rendre au musée d’Art Moderne avec sa Donation Maurice Jardot, accompagnés par le Directeur Marc Verdure. Nous avons eu la chance d’y admirer, parmi d’autres, des œuvres d’Henri Laurens, George Braque et Pablo Picasso : rien que ça ! Un petit trésor bien caché au cœur d’une jolie villa bourgeoise. Un autre musée a aussi retenu notre attention, situé plus au sud du territoire, à Beaucourt. Celui-ci relate le passé industriel très fort du Territoire avec la famille Japy que nous a présentée fièrement Jacques Muccini, Président de l’association des Amis du Musée. Tout d’abord inventeur de la mécanisation des ébauches de montre, Japy s’est ensuite diversifiée au fil des années en fonction de l’évolution de la société et des opportunités : objets en aluminium, en fer battu, en émail, matériel de guerre, machines à écrire… ce qui a permis la création de nombreux emplois et le développement de tout un bassin : une réelle fierté locale.

Les beaux forts de Belfort

Autres éléments marquants du Territoire : les Forts ! On en compte pas moins de 19 sur l’ensemble du département, et nous avons eu la chance d’en visiter deux tout à fait différents mais tout aussi intéressants l’un que l’autre. Le premier, qui s’intitule Fort de Bessoncourt, ou Fort Sénarmont pour les intimes, fut construit à la fin du 19^ème siècle. Nous y avons déambulé, accompagnés de Martine et Benoît, membres de l’association, sans qui nous nous serions certainement égarés dans ses 5 hectares de bâtiments, ses 21 chambres et ses 11 hectares de terrain qui offrent une visite grandiose et riche en surprises. Salles et couloirs ont pris vie au fur et à mesure que nous évoluions, envoûtés par les paroles de nos guides. Mon imagination s’est d’ailleurs tout à fait prise au jeu et m’a laissé entrevoir ces hommes vivant au sein de ce lieu si unique, mangeant leur ration journalière, une demi-miche de pain, se mettant à l’abri des bombes dans les couloirs marqués d’une ligne rouge ou se reposant dans les lits superposés à 3 étages.

Un autre Fort, un peu plus récent cette fois, a su retenir notre attention : celui de l’OTAN, d’une superficie de 10 000 mètres carrés. Longtemps classé « secret défense », il est depuis 2016 géré et restauré par l’association Atome-D4 qui ne manque pas d’idées pour offrir une visite peu commune au cœur d’un dédale de quatre kilomètres de couloirs, de pièces en tout genre et de bureaux qui, après avoir été utilisés par l’OTAN seulement une année pendant laquelle travaillaient ici environ 200 hommes, a ensuite abrité une station de radar de l’armée de l’air française, 85 mètres sous terre. Lors de l’utilisation par l’OTAN, entre 1958 et 1959, chaque homme qui y travaillait ne pouvait accéder qu’aux salles dont la couleur correspondait à son accréditation. La couleur ? Oui, car les murs de chaque partie étaient d’une peinture différente, ce qui rendait l’ensemble assez insolite. Une solution simple mais efficace ! À la fin de la visite une surprise de taille nous attend : deux avions. Démontés et en cours de remontage, car vous imaginez bien qu’il n’est pas simple de faire entrer un véhicule de cette taille dans un fort souterrain. Mais le président de l’association Hubert Schmaltz et ses membres ont su relever le défi et c’est grâce à eux que nous avons pu admirer, à notre grande surprise, un beau mirage IIIE.

Profitez du centenaire pour vous mettre au vert

Envie de vous reposer, tout couper pendant quelques jours et profiter de l’instant présent, avec votre petite famille ou entre amis ? Le Territoire de Belfort est fait pour vous ! Grâce à sa diversité, il offre des possibilités de déconnexion et de reconnexion adaptées à chacun. Relaxez-vous dans une maison d’hôtes à la campagne comme c’est le cas au Jardin des Gouttes, ou M. et Mme Luttringer, un couple charmant, vous accueilleront chaleureusement. Sortez des sentiers battus en visitant des petits villages chargés de légendes. Saviez-vous qu’à Saint-Dizier, le Diable en personne est venu alors qu’un evêque réalisait des miracles ? On peut encore y trouver aujourd’hui le pas du premier, à jamais ancré dans la pierre, et une partie du second dans la Crypte de la petite Eglise. Une visite entre mythe et réalité qui contraste avec ce qu’on a l’habitude de voir. Mais vous pourriez aussi plus simplement profiter d’espaces verts et vous relaxer en tribu.

Pour cela, prenons d’abord la direction du Camping de l’Etang des Forges où Philippe Heitamnn, le gérant, va gentiment nous mettre à disposition deux vélos car c’est en prenant le temps qu’il est réellement possible d’apprécier toutes les richesses qui nous entourent. Cet endroit est le pied-à-terre idéal pour ceux qui souhaitent profiter de nombreuses activités de plein-air en famille : canoë, escalade, activités dans la piscine, et j’en passe. Tout est inclus, ce qui permet de se laisser aller quelques jours sans se soucier de quoi que ce soit. Sans oublier aussi la proximité des pistes cyclables : en selle ! Après une petite heure de balade paisible à travers les bois, nous voilà arrivés dans un lieu très populaire : l’étang du Malsaucy. Il accueille tout au long de l’année des amateurs de mini-golf, pédalo, beach-volley, paddle, planche à voile, ou simplement des rêveurs en quête de tranquillité et de verdure. Toute l’année ? Ou presque. Car le 1^er week-end de juillet, le site accueille 30 000 festivaliers par jour lors du célèbre festival des Eurockéennes. Si vous n’en avez encore jamais entendu parler, c’est le moment de vous renseigner car de très nombreux artistes célèbres s’y produisent, comme c’est le cas cette année de Muse ou encore de Stromaé.

Cet événement grandiose se trouvant dans un espace protégé, tout est mis en place pour passer un bon moment sans nuire à cet écosystème, et la Maison de l’Environnement est là pour veiller au grain. Ouverte depuis 1994, elle a pour but de sensibiliser et mettre en avant le patrimoine naturel, comme nous l’a si bien expliqué Vincent, directeur des lieux depuis 22 ans. Mais ce n’est pas tout ! Ils organisent aussi de nombreux événements pour que petits et grands puissent passer de bons moments au plus proche de la nature, comme la Cabane Party, durant laquelle de nombreuses familles sont venues construire la cabane en bois de leur rêve dans le parc. Les plus jeunes se sont amusés comme des petits fous, et les adultes ont pu s’interroger sur l’habitat durable grâce aux intervenants présents sur place.

D’après les photos et croquis que l’on m’a montrés, beaucoup avaient du talent, mais les cabanes étaient cependant loin d’arriver à la cheville de celles dans lesquelles nous avons eu la chance de passer une nuit, à Coucoo Grands Reflets. Ici, pas d’eau courante ni d’internet, mais la promesse d’un moment incroyable à partager au cœur de la nature, d’un vrai retour à l’essentiel. Tout est minutieusement prévu pour passer un séjour mémorable, de la beauté des lieux au confort des cabanes, en passant par les délicieux paniers repas apportés directement au pied de votre petit cocon. Dans les arbres ou sur l’eau, à vous de choisir votre petit havre de paix. Certaines cabanes sont même équipées d’un bain nordique, et si vous jetez votre dévolu sur une habitation sur l’eau, vous aurez le plaisir de pouvoir vous déplacer en barque dans l’ensemble de la propriété.

Bien manger pour bien visiter

Toutes ces activités, ça creuse ! Rien de tel qu’un repas délicieusement préparé à base de produits frais et locaux pour recharger nos batteries, éventuellement accompagné d’une bière locale comme on en trouve beaucoup ici, comme par exemple celle à la myrtille que j’ai eu la chance de goûter. Envie de poisson ? Rendez-vous à l’Auberge du lac dont la spécialité est la friture de carpe, à volonté. De quoi vous régaler, le tout au plus proche de la nature, puisqu’on peut même manger directement sur le lac grâce aux différentes terrasses sur pilotis. Vous êtes plutôt végétarien, ou souhaitez découvrir cette cuisine et voir comment elle pourrait satisfaire votre appétit et votre gourmandise ? Le Pochon Magique est, sans hésitation aucune, fait pour vous. Ce restaurant associatif simple et sans chichis impressionne de par sa cuisine généreuse et son concept. « Nous n’avons et ne voulons pas de lave-vaisselle, pas de micro-onde, et les légumes sont tous épluchés sur place par nos équipes : « … pour tout faire à la main », nous explique Marie-Christine, qui travaille pour cette association depuis 2011 et mange là-bas depuis plus de 40 ans. « Ici, tout le monde est payé pareil, car l’humain passe avant tout ». Et ça fonctionne ! Même très bien, car nous y avons déjeuné un lundi midi et le restaurant était bondé, comme à son habitude. Nous avons passé un moment convivial autour d’un repas à la bonne franquette comme on les aime !

Une autre adresse de la ville a su retenir notre attention : la Fleur de Lys. Ce petit restaurant semi-gastronomique, situé au centre-ville de Belfort, offre bien plus qu’un repas. Le Chef William propose une carte unique en son genre : cuisine moléculaire, cocktails dans des verres fumés à base de thym, mélange de viandes et poissons, petits pois et wasabi glissés subtilement dans le dessert, sans oublier la présence discrète de nombreuses fleurs comestibles tout au long du repas. Incroyable mais vrai, sa cuisine peut surprendre au premier regard mais saura, je vous l’assure, satisfaire vos papilles. Alors sautez le pas et essayez par vous-même ; chef William et son équipe sauront vous conseiller et vous accompagner tout au long de cette exquise expérience gustative.

Mais bien manger ne veut pas forcément dire aller au restaurant : on peut aussi se faire plaisir en cuisinant soi-même de délicieux plats à base de produits locaux, et c’est dans cette optique que nous avons rendu visite à Ludivine, productrice de Munster, directement sur son exploitation laitière où elle et son mari Eric s’occupent de leurs vaches montbéliardes et de leur petite boutique. Elle fabrique elle-même et vend en circuit court, depuis maintenant 10 ans, ses délicieux fromages et ses yaourts fruités que j’ai eu la chance de goûter : n’oubliez pas d’y faire un petit détour ! Elle vous réservera à coup sûr un accueil chaleureux, tout comme Catherine qui, elle, propose un produit bien différent : du safran qui pousse directement dans son jardin, non loin d’arbres fruités et de plantes en tout genre. Car pour faire connaître ce produit, elle le transforme en l’associant à des agrumes, comme par exemple des confitures au goût original. Ce fût aussi l’occasion pour nous d’apprendre comment cultiver cette épice et connaître les longues et nombreuses étapes pour en récolter seulement quelques grammes : il faut s’armer de patience et de courage et être passionné pour se lancer dans cette aventure, comme l’est Catherine, ce qui a rendu cette rencontre encore plus enrichissante.

Prendre un peu de hauteur

Direction maintenant le Ballon d’Alsace, destination touristique à part entière, situé à la limite de quatre départements : le Territoire de Belfort, les Vosges, le Haut-Rhin et la Haute-Saône. De nombreuses activités y sont proposées pour les amateurs de grands espaces : équitation, VTT, accrobranche, et j’en passe, car la principale est bien évidemment la randonnée. Pour cela, rendez-vous avec Gilbert, accompagnateur en montagne, qui nous a gentiment fait découvrir ce site naturel d’exception en passant par des petits sentiers cachés offrant des vues imprenables sur les alentours. Après la traversée d’une jolie forêt d’hêtres tout tordus grâce aux talents artistiques de Dame-Nature, nous voilà arrivés devant mon panorama préféré, celui sur la Vallée de la Doller, pour une petite pause bien méritée avant de reprendre la route vers le sommet, culminant à 1247 mètres d’altitude.

Ce ne fût pas la seule randonnée de la journée car nous avons également pu nous adonner à cette activité aux côtés de Laetitia qui, avec son compagnon Guillaume, s’occupe littéralement d’une meute : quarante-quatre superbes bergers allemands ancien type qui sont ravis d’aller se promener avec les visiteurs et de les aider à gravir les sommets. Cette activité s’appelle en fait la cani-rando ! Grâce à leur harnais relié à notre taille et leur force incroyable, ils nous ont docilement tirés tout au long de balade jusqu’à un beau point de vue où nous les avons libérés pour qu’ils jouent en liberté. L’activité parfaite pour une randonnée en famille ou pour les moins sportifs d’entre nous, avec en prime un moment privilégié avec nos amis à quatre pattes : une manière originale de découvrir ou redécouvrir ce parc naturel.

Entre rencontres, visites et découvertes diverses et variées, nous n’avons tous simplement pas vu les jours passer et il est déjà temps de quitter ce petit coin paisible de France. Nous en avons pris plein les yeux en sillonnant les routes de ce petit département où la vie est douce et tranquille. Nous avons gambadé dans des endroits insolites, dégusté de délicieuses spécialités locales, et surtout fait de très belles rencontres. Une chose est sûre : en choisissant cette destination, vous n’aurez que l’embarras du choix pour passer un séjour ressourçant et à votre goût, sous l’œil bienveillant du Lion, se laissant admirer majestueusement depuis son rocher. Et n’oubliez pas : en vous y rendant cette année, vous pourrez participer à de nombreux événements pour célébrer, aux côtés des habitants, le centenaire du Territoire de Belfort !

Retrouvez ce reportage dans le Magazine Le Temps d’un Voyage n°26 :